Obama : “we did it”, vraiment ? (1/2)
Propageant une vague mondiale d’espoirs lorsqu’il fut élu, fin 2008, Barack Obama abandonne donc la Maison Blanche après huit ans de mandat. Huit années marquées par de nombreuses actions mais aussi d’échecs, eu égard à des espoirs initiaux parfois déçus.
Il est assez juste d’affirmer que l’élection du 44e président des États-Unis avait soulevé énormément d’espoirs, à un niveau jamais vu depuis de très nombreuses années dans le monde occidental. Rarement un Président élu suscitait autant de sympathies, de par ses origines, ses combats, son cursus et les valeurs qu’il comptait défendre. L’Obamania était évidente dans les grandes villes américaines, ainsi qu’en de nombreux points à l’étranger. Il représentait la modernité et un retour à une Amérique plus modérée, après huit ans où le pays avaient généré une vague anti-américaine sans précédent, y compris en interne, durant la Présidence Bush.
Huit ans plus tard, il faut croire que les espoirs placés en Obama étaient trop élevés. Comme ses prédécesseurs, il laisse l’Amérique plus divisée qu’unie, selon un sondage. Mais que retiendra la postérité de ses mandats ? Nous pouvons retenir trois grands faits d’armes. La création d’une ébauche de protection de santé pour une majorité d’Américains ? Oui, même si « l’Obamacare » reste encore très critiqué et peu efficace. Il a néanmoins tâché de doter la plus grande puissance mondiale d’une protection pourtant en vigueur dans le reste du monde occidental. La reprise des relations avec Cuba ? Oui, car, là encore, le maintien d’un blocus pour une provocation il y a plus d’un demi-siècle était à la limite de la puérilité, et Obama l’avait bien compris. La reprise économique ? Là encore, Obama héritait d’un bilan tellement mauvais qu’il eut été difficile de faire pire. Plus de cinq ans de baisse continue du chômage, jusqu’aux 4,7% actuels, est à mettre au fait d’un Président qui aura su maintenir à flots l’économie américaine.
Avoir évité un cataclysme financier, suffisant pour sauver un bilan socio-économique ?
Mais il y a un mais. Et même plusieurs. Sur la crise économique, certes le chômage est à un taux modeste, mais les inégalités sont plus que persistantes et les augmentations de salaire pour la majorité des travailleurs sont restées faibles. Il a sauvé Wall Street en 2009, n’exigeant aucune contrepartie, alors que le système financier était à deux doigts de faire imploser tout le système américain. Comme dans le reste du monde occidental, c’est l’économie réelle qui a donc cotisé pour maintenir à flots les systèmes financier et bancaire. Wall Street a donc pu repartir comme avant, loin d’avoir tiré les conséquences d’une grave crise qu’elle avait, pour grande partie, générée.
Socialement, Obama a beaucoup déçu, notamment ces minorités qui ont été au cœur de son électorat deux fois consécutivement. En témoigne un racisme persistant dans de nombreux États, mais qui, très objectivement, parait tellement ancré dans certains territoires qu’aucun Président ne pouvait arriver à le résoudre. Pour ces grands sujets socio-économiques, les défenseurs d’Obama insistent sur le fait que c’est le manque de majorité au Congrès qui l’a empêché de mettre en place plusieurs réformes d’ampleur qui auraient pu véritablement transformer le pays. Il n’en reste pas moins qu’Obama laissera une trace plus que modeste eu égard aux énormes espoirs qu’il avait suscités durant ses deux campagnes présidentielles.
Dans une deuxième partie, nous reviendrons sur le bilan géopolitique du 44e président américain.